Sevrage tabagique — Tabac: les femmes séropositives peinent à arrêter

Une étude de cohorte prospective américaine montre que le taux d’arrêt du tabac est moins élevé chez les femmes séropositives pour le VIH ou pour les femmes à haut risque de contamination que chez leurs homologues en population générale, alors que le tabagisme est un facteur de risque cardio-vasculaire non négligeable chez les personnes atteintes.

Aux Etats-Unis, diverses enquêtes précisent que le taux d’arrêt du tabac est compris entre 3,4% et 8,5% depuis plusieurs années. Mais les données manquent en ce qui concerne les personnes infectées par le VIHVIH Virus de l’immunodéficience humaine. En anglais : HIV (Human Immunodeficiency Virus). Isolé en 1983 à l’institut pasteur de paris; découverte récemment (2008) récompensée par le prix Nobel de médecine décerné à Luc montagnier et à Françoise Barré-Sinoussi.

La cohorte WIHS (Women’s Interagency HIV Study) comprend des femmes vivant avec le VIH ainsi que des femmes cumulant les facteurs de vulnérabilté et considérées comme à haut risque d’être contaminées. Goldberg et ses collègues ont mis en place une étude prospective à partir de cette cohorte. Ils ont recruté 747 femmes, 537 séropositives pour le VIH et 210 séronégatives, toutes rapportant un tabagisme à leur entrée dans la cohorte en 1994-1995 et suivies pendant dix ans. Dans ce groupe, 61% des femmes étaient afro-américaines et 21% hispaniques ; les deux tiers ont des revenus inférieurs à 12000 $ par an.

Un taux annuel d’arrêt de 1,8%

Les chercheurs ont défini le sevrage comme l’arrêt du tabac pendant plus de douze mois consécutifs à dix ans. Un total de 121 femmes (16%) répondent à ce critère. Le taux annuel d’arrêt est de 1,8% (95 % CI=1,6-2,1). Ce taux est le même pour les femmes séropositives et séronégatives de l’étude (p=0,82) mais inférieur à celui de la population générale (3,4-8,5 %).

Une analyse multivariée montre que ce taux est significativement plus élevé chez les femmes qui ont fait des études plus longues ainsi que chez les Hispaniques. Il est par contre moins élevé chez les usagères de substances illicites, que l’usage soit ancien (OR=0,65 ; 95% CI=0,49-0,86) ou encore en cours (OR=1,87 ; 95% CI=0,24-0,74). Il est également moins élevé chez les femmes rapportant au départ un nombre important de cigarettes fumées par jour.

Les auteurs concluent qu’étant donné la haute prévalencePrévalence Nombre de personnes atteintes par une infection ou autre maladie donnée dans une population déterminée. du tabagisme dans cette population, le risque élevé de problèmes de santé dus au tabac et le faible taux de sevrage, il est impératif de mettre en place des interventions de soutien pour aider ces femmes à arrêter de fumer.

> Smoking cessation among women with and at risk for HIV : are they quitting ? (PDF, 136 Ko) / D. Goldberg et al. – Journal of General Internal Medicine, vol. 25 n° 1, janvier 2010. – Pp. 39-44.

Il est bon de rappeler qu’une étude de la cohorte aquitaine ANRS CO3, dont les résultats viennent de paraître, a montré que l’arrêt du tabac diminue considérablement le risque de pneumopathies d’origine bactérienne chez les personnes séropositives et recommande elle aussi une aide au sevrage.

> Bacterial pneumonia among HIV-infected patients : decreased risk after tobacco smoking cessation, ANRS CO3 Aquitaine Cohort, 2000-2007 / A. Bénard et al. – PLoS One, vol. 5 n° 1, janvier 2010. – Doi:10.1971/journal.pone.0008896. – 6 p.

> Lire l’article de Femmes et sida qui analyse l’étude ANRS.